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Slobodan le gentil dictateur
22 juin 2007

Le calme avant l'hypothétique tempête

Comme je viens de le lire sur un blog ma foi sympathique pour tout le monde à part les femmes hétéro (http://aliceplay.mon-blog.org), les gens heureux n'ont pas d'histoire à raconter. Et tant que j'y suis, on ne parle pas non plus des trains qui arrivent à l'heure.

 

Et ça ne rate pas: il y a quelques années, j'avais plein de trucs à raconter. Les frustrations, les occasions manquées, les plans foireux: bien mis en scène, ce genre d'événements peut s'avérer très marrant à lire.

 

Mais aujourd'hui, force est de constater que mes trains sont tous à l'heure; certes, j'ai quelques articulations qui font grève, mais rien qui pourrait vraiment paralyser le pays. Depuis deux mois, je bosse dans une boîte pas trop mal, avec un job que j'assume très bien, et dans lequel j'assure pas mal. Je m'entends bien avec mes collègues, je ne suis pas mécontent d'aller bosser le matin et de revenir le soir avec le sentiment agréable du travail accompli, qui me permet de passer le reste de mon temps avec un portefeuille colmaté et une conscience tranquille.

 

Cerise sur le gâteau, la dernière grosse interrogation de ma vie d'adulte s'est évaporée: non, je ne suis pas un martien incapable d'envisager sa vie avec quelqu'un, oui, je suis capable de sacrifices qui me font plaisir car consentis pour l'être aimé, non, je ne suis pas un éternel Chandler. Et pourtant, j'étais vraiment sûr d'en être un.

 

"Mais" me direz-vous, "si tu es en train d'écrire, c'est que tu as un truc à raconter, et donc que tous tes trains ne sont pas à l'heure !"

 

Ce que vous pouvez être tatillons... Mais comme il se trouve que je vous avez raison, je vais vous répondre quand même. Effectivement, ça va très bien. Mais pour être hédoniste dans l'âme, j'ai aussi en moi une part d'humilité éternelle qui me poussera toujours à me méfier pour ne pas sombrer dans le triomphalisme. Mes parents m'ont appris à garder la tête froide, ce que mes quelques échecs ont fini de cristalliser dans mon cerveau.

 

Ma méfiance est ici: cela ne va-t-il pas trop bien ? Ne suis-je pas guetté par la douce tentation du roucoulement du pigeon, qui, tranquillement posé sur sa branche, n'a pas conscience du temps qui passe et le rapproche de sa fin? Bref, pourrais-je m'endormir, et donc vieillir trop vite?

 

Je n'ai pourtant pas de raison factuelle de m'inquiéter. Je suis avec une fille de 20 ans, pétante d'énergie; elle me pousse à faire des trucs que je n'aurais pas fait sans elle, ou que mes précédentes relations m'avaient persuadé que je n'avais pas envie de les faire. Pourquoi s'inquiéter?

 

Mais qu'est-ce que vous venez m'emmerder avec ces questions, là? Une inquiétude, ce n'est pas forcément rationnel!

 

Et si, de même qu'elle me rajeunit, j'allais la vieillir ? Peut-être vais-je lui sucer son énergie vitale! (je sais qu'à la lecture de cette phrase, certains feront "gnnnnnnnnpasdejeudemoooooots")

 

En même temps, avec ma pesanteur, je peux aussi lui transmettre ma sagesse; mais en a-t-elle besoin? La déraison n'est-elle pas un formidable nectar dont il convient d'empêcher l'épuisement le plus longtemps possible ?

 

Allons, allons... Ce n'est pas logique, ce que je raconte. Je suis plus révolutionnaire que jamais! Ces derniers temps, j'ai aboli deux de mes grands principes, pourtant marqués en lettres de feu sur l'étendard que je brandissais depuis bien des années: pas de différence d'âge, et chacun chez soi.

 

Non, pour le moment, vraiment, tout va bien. Mais que voulez-vous... Il faut bien s'inquiéter de quelque chose... Sinon, les cowboys ne diraient jamais:

 

"C'est calme... Trop calme!"

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Commentaires
S
Vendu!
L
Enfin, le risque serait que le pigeon scie la branche sur laquelle il est posé, par peur du calme plat. Oui, c'est con un pigeon.<br /> <br /> Bon, moi aussi je nage dans un océan de bonheur qui m'ôte toute idée de texte... Je sens que l'on va relancer notre collaboration textuelle d'ici peu...
Slobodan le gentil dictateur
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